Société hédoniste

Qu’est-ce que l’hédonisme ? D’après le Littré de 1877 le mot vient du grec hédone «plaisir», hedesthal «se réjouir», hédein «charmer». Cette doctrine philosophique qui prend pour principe de morale la recherche du plaisir et l’évitement de la douleur, est souvent confondue avec l’épicurisme. L’hédonisme a fait du plaisir l’objet à approuver comme bien, et corrélativement, de la douleur le mal à condamner et par conséquence à écarter. « Le sage hédoniste arrive à la maîtrise de soi comme le sage cynique, mais tandis que celui-ci y parvient par une indifférence radicale à l’attrait du plaisir, l’hédoniste y réussit par la souplesse infinie à cueillir et goûter le plaisir quand il lui est donné», dit R. Le Senne.
Dans une société hédoniste, le plaisir serait donc le seul moyen pour supporter la solitude et la détresse de notre tragique destin qui va inéluctablement vers la mort. Le plaisir serait notre seul recours pour supporter la vie. En médecine, l’hedothérapie utilise des moyens susceptibles de faire plaisir au malade. Cette recherche permanente du plaisir et de la satisfaction devenue un principe de morale, aboutit à l’«hedonic consumption», le mode de consommation hédoniste.
L’hédonisme est très recherché par les marques pour leur communication, car c’est un vecteur qui incite à la consommation. C’est un fort levier d’accroissement de l’implication des consommateurs : transformer ce qui était corvée (les courses, les achats divers...) en une activité plaisante : promesse de shopping agréable, principal ressort du marché. Dans les sociétés occidentales, les stratégies de fidélisation l’intègrent de plus en plus dans leur réflexion. Le cardinal Poupard voit dans l’Occident actuel une mentalité de consommation marquée par l’hédonisme, qui engendrerait «relativisme moral et indifférence religieuse».
On entend souvent l’expression «il faut se faire plaisir». Si nous célébrons le corps, c’est parce que le bien-être physique peut être la source d’un bien-être moral et psychologique. «Kalos kagathos», «beau et bon» est une expression qui chez les grecs définissait «l’homme idéal».
Le sport que les Athéniens pratiquaient à la palestre visait à en faire des sportifs, des guerriers mais aussi des citoyens vertueux ! Dans notre monde actuel, on prône les bienfaits de la marche, de la simple promenade à la randonnée, comme un moyen de parvenir à la méditation et à se retrouver. De même, une bonne nutrition est source de bien-être et clarifie l’esprit, pratiquer un sport bien adapté est le secret de la longévité. «L’élégance n’a pas d’âge», valorise les seniors.
Ste Hildegarde de Bingen, médecin des corps et des âmes, nous guide à travers l’immense réserve de la nature pour nous transmettre les valeurs curatives et bienfaisantes des plantes et des animaux, toujours attentive à tout ce qui réjouit le cœur de l’homme.
Ainsi le plaisir n’est pas une valeur en lui-même, mais nous ouvre un chemin. Ce chemin qui, d’une réalité prosaïque, permet d’atteindre une réalité supérieure, c’est celui de la Samaritaine. «Les paroles du Christ, sous le soleil écrasant de midi «Donne-moi à boire», traduisent une soif physique irrépressible, et c’est dans la trivialité de cette demande que Jésus libère la femme du poids de sa culpabilité et la fait renaître à elle-même, geste suprême d’amour».
Cet amour, Il l’a pour chacun de nous, présent aussi à ceux dont le corps est fragilisé par la maladie ou le handicap.

Nicole ADAM